Ce site dédié à l'oeuvre de Charles JULIET est un espace de documentation subjective et de rencontre entre ses Lecteurs et l'Association "La Cause des Causeuses", avec son accord, les principaux événements concernant son actualité éditoriale et ses rencontres publiques y ont été évoqués. Suite à son décès le 28 Juillet 2024, ce site est désormais consacré à la mise en valeur de son oeuvre.
ANTHOLOGIE SUBJECTIVE oeuvre de CHARLES JULIET | 01.08.2024 | LAMBEAUX p.9-10 | 1997
ANTHOLOGIE SUBJECTIVE oeuvre de CHARLES JULIET | 03.08.2024 | GRATITUDE | 2017

ANTHOLOGIE SUBJECTIVE oeuvre de CHARLES JULIET | 02.08.2024 | TE REJOINDRE p.66-69 | 2015

 

        […]

Je t'ai cherchée

 

Je n’avais pas huit ans

Tu es apparue ce jour de juillet

où j’ai appris ta mort

Avant ce jour

J’ignorais que tu existais

J’avais une maman

qui m’aimait et que j’aimais

et rien ne me laissait

soupçonner que j’avais

une autre mère

Puis en quelques mots

On m’a appris ton décès

Je crois bien qu’à cet instant

je n’ai rien éprouvé

On ne peut ressentir

de la peine

en apprenant la mort

d’une inconnue

Mais je me souviens

de ce qui a suivi

Debout sur le trottoir

devant la maison

j’ai une conscience aigüe

de ce qui m’entoure

Le vieux cep qui grimpe

le long du mur

les feuilles de la treille

bleuies par le sulfate

les troncs d’arbres empilés

devant le grillage du jardin

la cour   le portail

le tas de fumier

sur la fosse à purin

la porte de l’étable

l’arrière-train d’une vache

couchée sur un lit de paille

Le soleil cogne

et je reste là

ahuri  hébété

ne sachant trop

ce qui m’arrive

Un étau me serre

les  tempes  la gorge

et je me sens vide

Vide et affreusement las

Le temps s’est arrêté

Rien ne rompt le silence

l’immobilité des choses

la torpeur de l’après-midi

Depuis ce jour

Je n’ai jamais aimé

le noir de l’été

 

 

Tu es cette mère que j’ai perdue

Mais comment croire

que la mort

ait pu t’emporter

Dressée dans mon regard

ou rôdant dans ma tête

tu ne me quittais pas

Pourtant tu étais l’absente

Une absente si présente

que forcément

un jour ou l’autre

tu allais apparaître

Alors je t’ai attendue

Tu me parlais à voix basse

Et le temps ne pesait pas

Je t’ai attendue

mais tu n’as pas paru

Alors je t’ai cherchée

Cette inconnue qui marchait

devant moi dans la rue

je la suivais

certain qu’elle était toi

Mais c’était à chaque fois

la déception de découvrir

que jamais son visage

n’était le tien

Partout je t’ai cherchée

Dans les bars dans les rues

dans les gares dans les trains

sur les plages et dans les ports

Partout je t’ai cherchée

Et je te cherche encore

Tu es cette morte

qui n’a cessé

d’enténébrer ma vie

 

 

 

CHARLES JULIET, TE REJOINDRE,

Editions Atelier des Grames, 2015

 

 

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